Vous cherchez Jésus de Nazareth, le crucifié; Il est ressuscité Marc 16,6

Les mauvais vignerons

Méditation de l’évangile du vendredi 1er mars

L’interrogation du maître de la vigne : « Que ferai-je ? J’enverrai mon Fils Bien-Aimé ; peut-être le respecteront-ils ? » nous introduit au cœur même des préoccupations de l’amour de Dieu qui va jusqu’à envoyer son propre Fils.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 21, 33-43

En ce temps-là,
Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple :
« Écoutez cette parabole :
Un homme était propriétaire d’un domaine ;
il planta une vigne,
l’entoura d’une clôture,
y creusa un pressoir et bâtit une tour de garde.
Puis il loua cette vigne à des vignerons,
et partit en voyage.
Quand arriva le temps des fruits,
il envoya ses serviteurs auprès des vignerons
pour se faire remettre le produit de sa vigne.
Mais les vignerons se saisirent des serviteurs,
frappèrent l’un,
tuèrent l’autre,
lapidèrent le troisième.
De nouveau, le propriétaire envoya d’autres serviteurs
plus nombreux que les premiers ;
mais on les traita de la même façon.
Finalement, il leur envoya son fils,
en se disant :
‘Ils respecteront mon fils.’
Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux :
‘Voici l’héritier :
venez ! tuons-le,
nous aurons son héritage !’
Ils se saisirent de lui,
le jetèrent hors de la vigne
et le tuèrent.
Eh bien ! quand le maître de la vigne viendra,
que fera-t-il à ces vignerons ? »
On lui répond :
« Ces misérables, il les fera périr misérablement.
Il louera la vigne à d’autres vignerons,
qui lui en remettront le produit en temps voulu. »
Jésus leur dit :
« N’avez-vous jamais lu dans les Écritures :
La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’œuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux !

Aussi, je vous le dis :
Le royaume de Dieu vous sera enlevé
pour être donné à une nation
qui lui fera produire ses fruits. »

En entendant les paraboles de Jésus,
les grands prêtres et les pharisiens
avaient bien compris qu’il parlait d’eux.
Tout en cherchant à l’arrêter,
ils eurent peur des foules,
parce qu’elles le tenaient pour un prophète.

Méditation de l’évangile du vendredi 1er mars

Jésus, dans la parabole des mauvais vignerons, retrace à grands traits toute l’histoire du monde.

« Le chef de famille qui plante la vigne c’est Dieu, Père attentif, qui entoure sa vigne d’un mur et d’une clôture, y creuse un pressoir et y bâtit une tour »

Israël la reçoit en dépôt. Mais l’histoire d’Israël, c’est surtout la longue histoire des prophètes persécutés, maltraités et tués. L’interrogation du maître de la vigne :

« Que ferai-je ? J’enverrai mon Fils Bien-Aimé; peut-être le respecteront-ils ? » nous introduit au cœur même des préoccupations de l’amour de Dieu qui va jusqu’à envoyer son propre Fils.

Jésus se met ainsi tout à fait à part et ne méconnaît nullement la place unique qu’Il tient  dans l’histoire du salut du monde.

Jésus, à ce moment du récit, est partie prenante et c’est sa lutte actuelle avec les princes des prêtres et les pharisiens qu’Il nous décrit.

« Mais, en le voyant, les vignerons délibèrent entre eux, disant : C’est l’héritier, tuons-Le afin que l’héritage soit à nous. Et L’ayant jeté hors de la vigne, ils Le tuèrent. Que leur fera donc le maître de la vigne ? »

Il est bien noté, au début de la parabole, que Jésus s’adresse au peuple qui est là.

« Et Il se mit à dire au peuple cette parabole : Un homme planta une vigne ».

Mais au moment où Jésus conclut : « Que fera donc le maître de la vigne ? Le maître de la vigne viendra et fera périr ces vignerons et donnera la vigne à d’autres ».

A ce moment-là, ce sont les princes des prêtres et les scribes qui réagissent : « Ce qu’ayant entendu et compris, ils dirent : A Dieu ne plaise ! »

Jésus en profite pour s’affirmer et, les regardant, Il leur dit : « Que signifie donc ceci qui est écrit : La pierre qu’ont rejetée ceux qui bâtissent est devenue le faîte de l’angle. Quiconque tombera sur cette pierre sera brisé, et celui sur qui elle tombera sera en miettes… »

Du coup, ils ont si bien compris que « les scribes et les grands prêtres cherchèrent à mettre les mains sur Lui à ce moment même. Ils craignirent le peuple. Ils avaient compris, en effet, qu’Il avait dit cette parabole pour eux. »

Ainsi, dans la parabole des mauvais vignerons, Jésus met l’accent sur le meurtre du Fils Bien-Aimé. Dieu prend le risque de mourir… et de ressusciter, en tant que Fils de l’homme; car la pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue pierre d’angle. Jésus ne se fait pas d’illusions sur le rôle  qu’Il joue, qu’Il a joué et qu’Il jouera dans l’histoire religieuse d’Israël et du monde.

Pour l’instant, craignant les foules qui L’adorent, ses ennemis temporisent. Cet attachement Le sauve, car ses ennemis qui ne sont pas des braves, attendront d’avoir une milice bien armée pour L’arrêter, la nuit, loin du peuple, à Gethsémani.

Père Gabriel