Méditation de l’Evangile du mercredi 13 octobre
Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites,
parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis à la chaux : à l’extérieur ils ont une belle apparence, mais l’intérieur est rempli d’ossements
et de toutes sortes de choses impures.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 11, 47-54
En ce temps-là, Jésus disait :
« Quel malheur pour vous,
parce que vous bâtissez les tombeaux des prophètes,
alors que vos pères les ont tués.
Ainsi vous témoignez
que vous approuvez les actes de vos pères,
puisque eux-mêmes ont tué les prophètes,
et vous, vous bâtissez leurs tombeaux.
C’est pourquoi la Sagesse de Dieu elle-même a dit :
Je leur enverrai des prophètes et des apôtres ;
parmi eux, ils en tueront et en persécuteront.
Ainsi cette génération devra rendre compte
du sang de tous les prophètes
qui a été versé depuis la fondation du monde,
depuis le sang d’Abel jusqu’au sang de Zacharie,
qui a péri entre l’autel et le sanctuaire.
Oui, je vous le déclare :
on en demandera compte à cette génération.
Quel malheur pour vous, docteurs de la Loi,
parce que vous avez enlevé la clé de la connaissance ;
vous-mêmes n’êtes pas entrés,
et ceux qui voulaient entrer,
vous les en avez empêchés. »
Quand Jésus fut sorti de la maison,
les scribes et les pharisiens
commencèrent à s’acharner contre lui
et à le harceler de questions ;
ils lui tendaient des pièges pour traquer
la moindre de ses paroles.
Méditation de l’évangile du mercredi 13 octobre
Jésus entre donc pour manger chez un pharisien, mais il ne s’est pas lavé les mains.
“Jésus entra et se mit à table. Ce que voyant le pharisien s’étonna qu’Il ne se fût pas d’abord lavé, avant de déjeuner”
Les purifications légales étaient innombrables. La piété de Jésus est d’un tout autre ordre, elle consiste pour Lui dans un amour intérieur vis-à-vis de Dieu, Père, et non en des gestes traditionnels et superficiels. Pour Lui, l’eau bénite ne remplace pas la charité.
Cette hypocrisie l’écœure et Il le dit : “Donc vous, pharisiens, vous purifiez le dehors de la coupe et du plat ; mais votre intérieur est rempli de rapine et de malveillance “
Il ne mâche pas ses mots et a le courage de dire leur fait aux pharisiens, gens en place, à l’influence redoutable.
“Insensés ! Est-ce que celui qui a fait le dehors n’a pas fait le dedans aussi ?”
L’humour ne manque pas, lorsqu’Il leur conseille de se débarrasser de toute leur vaisselle pour être purs définitivement : “Toutefois, donnez le contenu en aumône et voici que tout est pur pour vous”
Jésus est hors de Lui et ses invectives traduisent son indignation devant cette religion monstrueuse à ses yeux, où les valeurs sont inversées. On offre à Dieu, au Père, “la dîme de la menthe et de la rue et de tous les légumes”, mais l’amour et la justice sont bafoués à son égard et à l’égard de nos frères.
“Mais malheur à vous, pharisiens, qui acquittez la dîme de la menthe, de la rue et de tous les légumes, et qui omettez la justice et l’amour de Dieu ! Mais c’est ceci qu’il fallait pratiquer, sans omettre cela”
Le texte de Matthieu précise, et la liste ironique des légumes (fenouil et cumin) nécessaires pour cette “sainte cuisine”, et la liste “des points les plus graves de la loi, justice, compassion et bonne foi” parfaitement ignorés !
Jésus souligne cette démangeaison, ce prurit de toujours vouloir paraître, qui nous guette tous, gens d’église ou simples fidèles : “Malheur à vous, pharisiens, qui aimez être assis au siège d’honneur dans les synagogues, et à être salués sur les places !”. Cela sent son “grand catholique”.
Jésus, encore une fois, éclate devant l’hypocrisie, les façades blanchies qui ne cachent qu’immondices.
Cette invective à l’égard des pharisiens “sépulcres blanchis” ne manquait pas de piquant, quand on connaît la répulsion des juifs pour tout ce qui entraînait l’impureté légale. Les tombeaux étaient en tête de liste. D’où l’ironie de ces reproches :
“Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui ressemblez à des sépulcres blanchis, lesquels vus du dehors paraissent splendides, mais à l’intérieur sont pleins d’ossements de morts et de toute sortes d’immondices. De la même façon, vous aussi, votre extérieur vous donne aux yeux des hommes l’apparence de justes, mais à l’intérieur vous êtes plein d’hypocrisie et d’iniquité”. .
Jésus nous libère d’une religion hypocrite et routinière où les multiples préceptes et traditions, inventés par les hommes, nous dispensent de l’amour et de la justice. Il nous met aussi en garde contre toute attitude orgueilleuse et méprisante vis-à-vis de la foi populaire.
“Malheur à vous, docteurs de la Loi, car vous avez dérobé la chef de la science ; vous-mêmes n’êtes pas entrés, et vous avez empêché ceux qui entraient”.
La “Science”, sans l’amour, est stérile, surtout dans ce domaine de la science du salut des humbles. Pour Jésus, cette prétention de détenir la vérité absolue, avec cette morgue et ce dédain des petits, est intolérable. C’est un détournement des biens essentiels devenus une liste de détails : “Vous avez dérobé la clef de la science”.
Père Gabriel