Vous cherchez Jésus de Nazareth, le crucifié; Il est ressuscité Marc 16,6

Parabole du fils prodigue

Méditation de l’évangile du samedi 2 mars

Pour Jésus, il s’agit de montrer que le Père des miséricordes fait pleuvoir sur les justes et les injustes… C’est Lui qui va vers le pécheur.

Évangile de Jésus Christ selon Saint Luc, Luc 15, 1-3.11-32

En ce temps-là,
les publicains et les pécheurs
venaient tous à Jésus pour l’écouter.
Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui :
« Cet homme fait bon accueil aux pécheurs,
et il mange avec eux ! »
Alors Jésus leur dit cette parabole :
« Un homme avait deux fils.
Le plus jeune dit à son père :
“Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.”
Et le père leur partagea ses biens.
Peu de jours après,
le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait,
et partit pour un pays lointain
où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre.
Il avait tout dépensé,
quand une grande famine survint dans ce pays,
et il commença à se trouver dans le besoin.
Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays,
qui l’envoya dans ses champs garder les porcs.
Il aurait bien voulu se remplir le ventre
avec les gousses que mangeaient les porcs,
mais personne ne lui donnait rien.
Alors il rentra en lui-même et se dit :
“Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance,
et moi, ici, je meurs de faim !
Je me lèverai, j’irai vers mon père,
et je lui dirai :
Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.
Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.
Traite- moi comme l’un de tes ouvriers.”
Il se leva et s’en alla vers son père.
Comme il était encore loin,
son père l’aperçut et fut saisi de compassion ;
il courut se jeter à son cou
et le couvrit de baisers.
Le fils lui dit :
“Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.
Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.”
Mais le père dit à ses serviteurs :
“Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller,
mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds,
allez chercher le veau gras, tuez-le,
mangeons et festoyons,
car mon fils que voilà était mort,
et il est revenu à la vie ;
il était perdu,
et il est retrouvé.”
Et ils commencèrent à festoyer.

Or le fils aîné était aux champs.
Quand il revint et fut près de la maison,
il entendit la musique et les danses.
Appelant un des serviteurs,
il s’informa de ce qui se passait.
Celui-ci répondit :
“Ton frère est arrivé,
et ton père a tué le veau gras,
parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.”
Alors le fils aîné se mit en colère,
et il refusait d’entrer.
Son père sortit le supplier.
Mais il répliqua à son père :
“Il y a tant d’années que je suis à ton service
sans avoir jamais transgressé tes ordres,
et jamais tu ne m’as donné un chevreau
pour festoyer avec mes amis.
Mais, quand ton fils que voilà est revenu
après avoir dévoré ton bien avec des prostituées,
tu as fait tuer pour lui le veau gras !”
Le père répondit :
“Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi,
et tout ce qui est à moi est à toi.
Il fallait festoyer et se réjouir ;
car ton frère que voilà était mort,
et il est revenu à la vie ;
il était perdu,
et il est retrouvé !” »

 

 

 

 

 

 

Méditation de l’évangile du samedi 2 mars

J’aime beaucoup la parabole de l’Enfant prodigue, et je me risque à la méditer avec vous. Je sais que les paraboles nous posent parfois bien des questions. Et justement, il y a quelques jours, me trouvant chez une amie, une de ses voisines de passage m’a gentiment entrepris au sujet des paraboles, dont maints détails, disait-elle, la scandalisaient fort : Les ouvriers de la dernière heure sont mieux payés que ceux qui ont trimé tout le jour ; l’intendant infidèle a le beau rôle ; le pauvre gars, faute “d’habit” ou de “queue de pie”, se voit rejeté sans pitié hors de la salle de danse.

La parabole de ce jour est tout aussi ambigüe, nous le verrons plus loin. Seulement, n’est-ce pas dénaturer totalement les paraboles que de les disséquer de la sorte et de les sortir de leur contexte ? Heureux encore lorsque l’on ne moralise pas à perte de vue, à partir d’un détail !

Jésus moralise peu. Il met plutôt ses contemporains devant des situations vécues, qui sont les leurs, au fond, ou les nôtres. On s’amuse follement de l’histoire, on ironise sur les idiots, les méchants, les imprudents, les fous, les cyniques qui peuplent ses récits. Puis, brutalement dégrisés, on se reconnaît dans les mêmes situations. On rit jaune. Terrible et merveilleux Seigneur dont l’humour renvoie chacun à sa propre conscience dans le jugement qu’Il porte sur les autres. Nous sommes le juge inique, le pharisien, le bon Samaritain, le fils prodigue, ou le père miséricordieux, selon les circonstances… et nous nous reconnaissons fort bien…

Les attitudes des contemporains de Jésus, décrites au début de la parabole de l’Enfant prodigue, nous montrent, d’un côté, des publicains et les pécheurs attirés par Jésus, et qui l’écoutent ; et d’un autre, des pharisiens et des scribes, outrés d’un tel accueil fait à “ces gens-là”! Il ose manger avec eux, un comble !

L’interprétation courante de cette parabole est plutôt moralisante et individualiste. On lui donne d’ailleurs le nom de parabole de l’Enfant prodigue, car on a surtout retenu la “conversion” du cadet. Mais, si ce dernier regrette le confort de la maison paternelle et décide d’y retourner, il semble davantage poussé par la faim que par l’amour de son père qui, pourtant, l’accueille à bras ouverts. Trop bien au gré de son aîné qui trouve que ce père exagère et le lui dit sans ambage.

Partant des attitudes qui l’ont provoquée, je donnerai plutôt à cette parabole le titre de “Parabole du Père Miséricordieux”. Car devant les réflexions désobligeantes des pharisiens et des scribes sur sa manière d’agir envers les publicains, Jésus se contente de décrire l’attitude du père, face au pécheur. C’est le père qui a l’initiative tout au long du récit. Le père attend, guette même ce dévoyé de fils. L’aperçoit-il de loin ? Il court vers lui ; il le serre dans ses bras, le couvre de baisers et lui fait fête, il est proprement déraisonnable, tant il l’aime. L’attitude de son aîné, par contre, elle, est très raisonnable. Cette gouape de frère, ce viveur, est par trop bien reçu !… Il est clair que la réponse du père ne se veut pas du tout sur ce même registre du raisonnable, mais sur celui de la vie :

“Il fallait bien festoyer et se réjouir, parce que ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie : il était perdu, et il est retrouvé” (Lc 15, 32).

 Pour Jésus, il s’agit de montrer que le Père des miséricordes fait pleuvoir sur les justes et les injustes… C’est Lui qui va vers le pécheur. Les pharisiens et les scribes ont tort de reprocher à Jésus son attitude envers publicains et pécheurs, car n’est-ce pas celle-là même du Père, envers de sympathique prodigue ?

Dans nos vies, face aux pécheurs, aux mal-aimés, aux gens en rupture de ban, quelle est donc notre attitude ?… Et ce pécheur est peut-être tout simplement notre enfant, notre conjoint, notre ami!…

Ressemblons-nous au Père Miséricordieux qui fait luire son soleil sur les bons et sur les méchants ?

Père Gabriel