Vous cherchez Jésus de Nazareth, le crucifié; Il est ressuscité Marc 16,6

La prière

Méditation de l’Évangile du dimanche 24 juillet

Ecoutons d’abord Jésus, lorsqu’Il nous donne ses conseils sur la prière : Il nous parle essentiellement d’un Père : “Lorsque vous priez, dites : Notre Père qui es aux cieux…” ou bien : lorsque tu pries, entre dans ta chambre et là, dans le secret, prie ton Père qui est dans le secret”.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 11, 1-13

Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière.
Quand il eut terminé,
un de ses disciples lui demanda :
« Seigneur, apprends-nous à prier,
comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. »
Il leur répondit :
« Quand vous priez, dites :
‘Père,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne.
Donne-nous le pain
dont nous avons besoin pour chaque jour
Pardonne-nous nos péchés,
car nous-mêmes, nous pardonnons aussi
à tous ceux qui ont des torts envers nous.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation. »
Jésus leur dit encore :
« Imaginez que l’un de vous ait un ami
et aille le trouver au milieu de la nuit pour lui demander :
‘Mon ami, prête-moi trois pains,
car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi,
et je n’ai rien à lui offrir.’
Et si, de l’intérieur, l’autre lui répond :
‘Ne viens pas m’importuner !
La porte est déjà fermée ;
mes enfants et moi, nous sommes couchés.
Je ne puis pas me lever pour te donner quelque chose’.
Eh bien ! je vous le dis :
même s’il ne se lève pas pour donner par amitié,
il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami,
et il lui donnera tout ce qu’il lui faut.
Moi, je vous dis :
Demandez, on vous donnera ;
cherchez, vous trouverez ;
frappez, on vous ouvrira.
En effet, quiconque demande reçoit ;
qui cherche trouve ;
à qui frappe, on ouvrira.
Quel père parmi vous, quand son fils lui demande un poisson,
lui donnera un serpent au lieu du poisson ?
ou lui donnera un scorpion
quand il demande un œuf ?
Si donc vous, qui êtes mauvais,
vous savez donner de bonnes choses à vos enfants,
combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint
à ceux qui le lui demandent ! »

Méditation de l’évangile du dimanche 24 juillet

Je vous ai déjà parlé de la prière à l’Esprit-Saint, prière que Jésus lui-même nous recommande au chapitre XI de Luc, au verset 13 : “Combien plus le Père céleste donnera-t-Il l’Esprit-Saint à ceux qui le lui demandent”.

Mais je voudrais répondre aujourd’hui à cette autre question, si souvent posée : “Mais, qu’est-ce donc que la prière ? Moi, je ne sais pas prier. Dès que je prie, je suis envahi par les distractions. Ma prière ne vaut rien, ne sert à rien. D’ailleurs, pourquoi Dieu interviendrait-Il comme cela, à tout bout de champ dans notre vie ? …”

Ecoutons d’abord Jésus, lorsqu’Il nous donne ses conseils sur la prière : Il nous parle essentiellement d’un Père :

“Lorsque vous priez, dites : Notre Père qui es aux cieux…” ou bien : lorsque tu pries, entre dans ta chambre et là, dans le secret, prie ton Père qui est dans le secret”,

ou encore :

“Lorsque tu pries, ne multiplie pas les paroles comme les païens, car ton Père sait bien ce dont tu as besoin”.

             Puisque Dieu est Père, il nous faut nous adresser à Lui dans nos prières avec la simplicité des enfants, car le Royaume des Cieux leur appartient. Cela veut dire en clair qu’il n’y a aucune formule, aucune manière arrêtée pour prier. Il suffit de Lui parler dans son coeur, dans le secret, à ce Père, et cela aussi bien dans le métro que dans la rue, dans notre chambre ou dans une église, dans notre cuisine que dans notre atelier ou notre bureau. Il suffit de Lui dire nos joies, nos détresses, nos soucis, nos tentations, notre amour et notre reconnaissance, tout cela vaille que vaille, comme on le ferait avec son père, sa mère ou son épouse.

Jésus insiste sur la prière dans le secret, dans un face à face avec le Père. Il est donc indispensable de savoir sacrifier chaque jour un temps assez long, de vingt minutes à une heure, un temps donné gratuitement au Père. L’Evangile nous révèle que ce fut la manière de faire de Jésus : Il se lève tôt le matin, va dans la montagne, et là, Il prie. Au temple, c’est dans le hiéron, le sanctuaire, l’endroit tranquille qu’Il prie.

Cette prière gratuite, cette prière est perte de temps, ce temps qui, au fond, est notre seule richesse, est une filiale reconnaissance de notre totale impuissance dans le domaine spirituel. Il nous apprend, ce don gratuit de notre temps, que l’important c’est justement ce rayonnement du Père sur nous. Nous nous apercevons alors que les distractions, nos terribles distractions pensons-nous, n’ont au fond aucune importance. Notre prière n’est pas efficace parce que nous, à la force du poignet, nous allons acquérir de la Vertu, grâce à nos belles pensées, mais parce que c’est Dieu, uniquement Dieu qui, dans notre prière, nous transforme. Et voilà que Lui, le Père, change notre cœur, notre intelligence, notre volonté, et nous recrée à la ressemblance de son Fils Bien-Aimé, Jésus. Et comme ce Fils Bien-Aimé est aussi le fils de Marie, un clin d’oeil à la Vierge Marie n’est jamais inutile à ces moments-là.

Cette manière d’agir peut nous sembler une prière inactive, inutile, à nous les hommes du XXe siècle, à une époque où l’homme doit être efficace, et toujours plus efficace, pour transformer le monde. Seulement, il faut bien savoir que, dans le domaine spirituel, pour nous comme pour les nôtres, c’est Dieu seul, c’est l’Esprit-Saint qui transfigure les cœurs. Cette demi-heure, cette heure passée devant le Seigneur change tout : notre journée ne sera plus la même, notre manière d’être ne sera plus la même si avec nos collègues, ni avec les employés, ni avec notre femme ou notre mari, ni avec les enfants, tout sera changé, même dans nos rapports sociaux ou internationaux. Prier ainsi, c’est s’en remettre au Père, à son amour, à sa sagesse, à sa miséricorde comme un enfant. La difficulté vient de nous, car nous sommes toujours les hommes de la Tour de Babel et nous voulons entrer au ciel, de force, par notre propre travail.

Mais, soyons-en sûrs, notre prière durant ce temps perdu devient alors super-active. Ce sacrifice de notre temps livre, à Dieu seul, l’initiative dans le domaine spirituel, aussi bien dans nos vies que dans celles de ceux que nous aimons. Il y a d’ailleurs dans le règne végétal une image qui me rappelle toujours cette action puissante et mystérieuse du Père sur tous ceux qui savent s’arrêter ainsi devant Lui. Souvent, au mois d’août et septembre, j’ai vu les champs de betteraves boire le soleil. Dans l’après-midi, je voyais la rosette de leurs feuilles s’abandonner à son rayonnement. Sous l’ardeur de la chaleur, ces feuilles semblaient comme flétries, inertes. Elles ne faisaient rien sinon recevoir cette énergie du soleil qui, jour après jour, grâce à la photosynthèse, les gorgeait de sucre.

Il en est de même pour nous ; le temps de la prière, ce temps en apparence inutile, perdu, bourré de distractions, nous a pourtant maintenus devant ce soleil d’Amour qui nous a remplis d’un tout autre suc spirituel ! Il se peut que la betterave ne sente rien ! L’action de Dieu dans la prière n’est pas non plus forcément une action sensible ; mais, peu à peu, investis, envahis par Dieu, nous sortons tout autres de ce temps où, dans le secret, nous avons parlé avec notre Père, où, même sans Lui parler, nous sommes restés devant Lui pour affirmer notre foi en son action toute puissante. Oui, Dieu s’intéresse toujours à nous, immensément à nous, à toute notre vie, à tous les détails de notre vie, parce qu’un père ne se désintéresse jamais de ses enfants et de tout ce qui leur arrive. C’est ce que nous assure Thérèse de Lisieux. Entrons donc dans cette prière si simple dont elle nous a ouvert le chemin.

Père Gabriel